Aller au contenu

Page:Montaigne - Essais, Musart, 1847.djvu/63

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
57
CHAPITRE X.

ment des polices et choses pareilles ; si théologiens, les affaires de l’Église, censures ecclésiastiques, dispenses et mariages ; si courtisans, les mœurs et les cérémonies ; si gens de guerre, ce qui est de leur charge, et principalement les déductions des exploits où ils se sont trouvés en personne ; si ambassadeurs, les menées, intelligences et pratiques, et manière de les conduire.

À cette cause, ce que j’eusse passé à un autre sans m’y arrêter, je l’ai pesé et remarqué en l’histoire du seigneur de Langey, très-étendu en telles choses : c’est qu’après avoir conté ces belles remontrances de l’empereur Charles cinquième, faites au consistoire à Rome, présents l’évêque deMàcon et le seigneur de Velly, nos ambassadeurs, où il avait mêlé plusieurs paroles outrageuses contre nous, et, entre autres que, sises capitaines et soldats n’étaient d’autre fidélité et suffisance en l’art militaire que ceux du Roi, tout sur l’heure il s’attacherait la corde au cou pour lui aller demander miséricorde (et de ceci il semble qu’il en crût quelque chose, car deux ou trois fois en sa vie, depuis, il lui advint de redire ces mêmes mots) ; aussi qu’il défia le Roi de le combattre en chemise, avec l’épée et le poignard, dans un bateau, ledit seigneur de Langey, suivant son histoire, ajoute que lesdits ambassadeurs, faisant une dépêche au Roi de ces choses, lui en dissimulèrent la plus grande partie, même lui célèrent les deux articles précédents. Or, j’ai trouvé bien étrange qu’il fût en la puissance d’un ambassadeur de dispenser sur las avertissements qu’il doit faire à son maître, même de telle conséquence, venant de telle personne et dits en si grande assemblée ; et m’eût semblé l’office du serviteur être de