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Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/127

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DE MONTAIGNE.

Il y a un ancien refectoire, à tout de grandes & longues tables de pierre d’une grandeur inuſitée, au milieu duquel ſourdoit, avant nos guerres civiles, une vive fonteine qui ſervoit à leur repas. La pluſpart des religieux ſont encore gentil’homes. Il y a entre autres choſes une très vielle tumbe & honnorable, où il y a l’effigie de deux chevaliers étandus en piere d’une grandeur extraordinere. Ils tiennent que c’eſt le corps de Ogier le Danois[1]

  1. Le P. Mabillon, dans ſes Actes des Saints de l’Ordre de S. Benoit, t. V. ſoutient cette tradition fabuleuſe avec un furieux peu digne de ſon érudition. Quelle apparence qu’Oger le Danois, mort l’an 800 à la bataille de Roncevaux, avec Roland & Olivier, neveux de Charlemagne, eût été porté de ſi loin pour être inhumé à S. Faron ! Dom M. leve cette difficulté par une fable évidemment monacale. Mais il y auroit plus d’apparence à ſubſtituer, avec Pierre Janvier, à Oger le Danois un autre