Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/231

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m’a dict venir de là. Le vendredy au matin, quoique ce fût un bien chetif logis, nous n’y laissâmes pas d’y trouver force vivres. Leur costume est de ne chauffer jamais ny leurs linceuls pour se coucher, ny leurs vestemans pour se lever, & s’offencent si on alume du feu en leur cuisine pour cet effect, ou si on s’y sert de celui qui y est ; & est une des plus grandes querelles qui nous eussions par les logis. Là, même au milieu des montaignes & des forets où dix mille pieds de sapin ne coustent pas cinquante sols, ils ne vouloint permettre non plus qu’ailleurs que nous fissions du feu. Vendredy matin nous en partimes & reprimes à gauche le chemin plus dous, abandonnant le santier des montaignes qui est le droit vers Trante. M. de Montaigne estant d’avis de faire le detour de quelques journées, pour voir certaines