Page:Montaigne - Journal du Voyage en Italie, 1774, vol1.djvu/346

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plein d’ombrages ; à nos costés des pleines très fertiles, aïant, suivant l’usage du païs, parmy leurs champs de bleds, forces abres rangés par ordre, d’où pandent leurs vignes. Les beufs fort grands & de couleur gris, sont là si ordineres que je ne trouvay plus etrange ce que j’avois remarqué de ceux de l’Archiduc Fernand. Nous nous rancontrames sur une levée ; & des deus parts des marêts qui ont de largeur plus de quinse milles, & autant que la veue se peut estandre. Ce sont autrefois esté des grands estangs, mais la Seigneurie s’est essaïé de les assécher, pour en tirer du labourage ; en quelques endrets ils en sont venus à-bout, mais fort peu. C’est à présant une infinie étandue de païs boueus, sterile, & plein de cannes. Ils y ont plus perdu que