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ET DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

sade[1]. On devait en tout temps au comte de Montaigu neuf à dix mois d’appointements, un semestre de ports de lettres, sans compter les dépenses secrètes, tant qu’elles lui furent permises : le total variait en moyenne entre quarante et cinquante mille livres.

La parcimonie de l’ambassadeur aurait donc pour cause essentielle l’extrême difficulté d’équilibrer son budget. Ajoutez que les procédés mesquins dont parle Rousseau cadrent peu avec le caractère du comte, qui était prodigue, dépensier, insouciant à effrayer sa famille[2].

  1. Voyez les lettres au chevalier son frère (30 novembre et 13 décembre 1743, 9 mai 1744, 25 septembre 1745, 3 septembre 1746, 22 avril 1747, etc., qui sont confirmées par d’autres documents. Barjac, valet de chambre du défunt cardinal de Fleury, écrivant, le 9 avril 1754, au comte de Montaigu, avoue que les dépenses de l’État sont excessives en ce moment ; la banqueroute de deux fameux notaires de Paris rend l’argent rare dans la capitale. À l’étranger l’impression était la même : le correspondant à Ratisbonne d’une gazette vénitienne rapporte que « li tesori reali si trovino intieramente esausti, impoveriti li sudditi, rovinati il commercio, et falliti percio li principali négocianti e banquierii di Parigi e Lione… » (Avvisi o Gazette di affari politici, 1744.) (Bibliothèque de Saint-Marc, à Venise. Mss. cl. VI, cod. {{sc[cccvi}}.) Le 27 septembre 1744, un agent anglais à Paris envoyant à lord Carteret une relation diplomatique dit que la guerre cause une perte de cent millions èi Marseille, Nantes et Bordeaux ; mais que les fonds seront prêts, grâce à l’habileté des financiers. (British Muséum. 22541. — Carteret papers, fol. 342.)
  2. Lettre du chevalier son frère, du 8 décembre 1746 : « Tu espères de ne pas te ruiner en demeurant où tu es : il y a longtemps que tu me promets la même chose, mais sans exécution, et