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Page:Montaigu - Démêlés du Comte de Montaigu, 1904.djvu/57

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ET DE JEAN-JACQUES ROUSSEAU

de la part du Sénat de la République tendant à un rapprochement avec la France. Le ministre s’en étonne. Le comte lui fit observer que c’était le résultat de la bataille de Fontenoy ; que rien ne valait une belle victoire pour modifier la conduite du gouvernement vénitien (12 juin 1745). Le ministère affecta une sorte de dédain pour la diplomatie vénitienne (lettre du 30 mars 1745), et pour la politique italienne, qui ne lui réservait que des déboires (duc de Broglie, ouvrage cité, I, 189, etc.). D’ailleurs le désaccord entre le ministre et son agent ne portait que sur ces points. Leurs rapports ordinaires étaient des plus cordiaux. À la suite des fêtes superbes que le comte de Montaigu donna à Venise à l’occasion du mariage du dauphin, d’Argenson exprima toute sa satisfaction et montra au roi le compte rendu du Mercure (lettre de l’abbé Alarv, 12 juin 1744). Une autre lettre de l’abbé (7 mars 1745), et les lettres du marquis lui-même (26 janvier, 7 septembre 1745) dénotent la même sympathie et la même confiance.

D’Argenson montra encore une grande condescendance vis-à-vis du comte de Montaigu dans la forme où il lui adressa des reproches en 1745, pour avoir dépassé sa pensée dans un mémoire présenté au Sénat[1]. Le fait se renouvela la même année à pro-

  1. D’Argenson se complaisait en de subtiles distinctions que n’admettait pas la franchise un peu rude du comte de Montaigu. Ce dernier avait, sur l’ordre du ministre, remis le 28 juillet 1745