Page:Montaigu - Démêlés du Comte de Montaigu, 1904.djvu/64

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
DÉMÊLÉS DU COMTE DE MONTAIGU


assez graves à la charge d’un secrétaire qui se disait irréprochable. En effet l’ambassadeur a directement accusé Rousseau d’avoir pratiqué la contrebande. Dans sa lettre du 3 juin 1747 au marquis de Puyzieulx, l’ambassadeur, annonçant qu’il vient de renvoyer son premier secrétaire (Henry, successeur immédiat de Rousseau), coupable d’une scandaleuse malversation, ajoute : « Voilà la seconde fois que j’essuie ce désagrément,[1]. » Il écrit encore dans un mémoire qui accompagne la lettre du 17 juin, au ministre : « Dans les commencements que je fus icy, j’eus un gentilhomme qui faisait de la contre bande… je le renvoyay… Quelque temps après mon secrétaire tomba dans la même faute. J’en usay avec luy comme j’avois fait avec le gentilhomme, et le gouvernement m’en sceut beaucoup de gré[2]. »

Une preuve irréfutable de cette indélicatesse consiste dans la pièce ci-jointe, pièce reproduite par la photographie[3] et au sujet de laquelle une explication s’impose. Les ministres étrangers étaient exempts de payer des droits pour les denrées destinées à leur usage. Elles devaient être, à leur entrée, accompa-

  1. Lettre du comte de Montaigu au marquis de Puyzieulx 3 juin 1747. (Archives du ministère des affaires étrangères. Venise, 211.)
  2. Lettre du comte de Montaigu au ministre. 17 juin 1747. (Archives du ministère des affaires étrangères.)
  3. La pièce originale est à Venise. M. Souchon, archiviste de l’Aisne, au cours de son voyage à Venise, obtint la permission de la photographier.