Page:Montaigu - Démêlés du Comte de Montaigu, 1904.djvu/67

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gnées simplement de deux certificats dont l’un portait la mention manuscrite duplicata et suivait les marchandises, tandis que l’autre restait aux mains de la douane et faisait foi de l’admission en franchise. En effaçant le mot duplicata on pouvait constituer un nouveau certificat original et doubler ainsi la quantité exempte des droits. Rousseau, qui avait les laissez-passer à sa disposition, ne résista pas à la tentation de grossir ses appointements en employant cette méthode aussi simple que peu scrupuleuse. Un examen attentif du document cité plus haut permet de remarquer que la falsification a été très habilement faite. Au lieu de gratter le mot duplicata, ce qui eût laissé une trace sur les vergeures et les pontuseaux, il a mouillé le papier, puis légèrement frotté la surface humide, pour n’enlever que les caractères de l’écriture. Cette particularité n’est pas nettement visible sur la photogravure, mais elle a été vérifiée[1] sur l’original, à Venise, où elle est très apparente. La pièce est accompagnée du procès-verbal de saisie adressé au Sénat et constatant la fraude. Naturellement, l’ambassadeur informa le ministre de cette affaire[2], et, afin de couper court à de nouvelles tentatives, il fit désormais imprimer le mot duplicata à côté de ses armes sur les certificats qui servaient à l’entrée des marchandises dans le port.

  1. M. Souchon, archiviste de l’Aisne, l’a vérifié à son voyage à Venise.
  2. Lettre du comte de Montaigu à La Porte-Dutheil, 13 juin 1744.