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Page:Montalembert - Du devoir des catholiques dans la question de la liberté d’enseignement.djvu/37

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tions mêmes d’existence leur interdisent jusqu’à ces fictions qui autrefois entouraient l’autorité d’un prestige salutaire ; et les voilà qui se posent en interprètes et en modérateurs de l’éternelle vérité pour pénétrer jusque dans le sanctuaire de la famille et pour prétendre que les générations futures doivent être moulées à leur effigie ! Quelles que soient les appréhensions ou l’insouciance des philosophes et des politiques étrangers à la loi de l’Église, au sujet des progrès de ce nouveau despotisme, les catholiques peuvent-ils laisser avec indifférence se consommer l’œuvre fatale de cette sécularisation universelle ? Peuvent-ils se résigner froidement à voir détacher ainsi pièce à pièce de la vérité religieuse tous les éléments de la société qui avait été sauvée et régénérée par l’incarnation du Fils de Dieu ?

Naguère la politique, la jurisprudence, la science, toutes les branches de l’art reconnaissaient la suprématie de l’Église et faisaient dériver d’elle leur fécondité et leur sanction. Toutes ces nobles vassales de l’Église ont été successivement arrachées à sa tutélaire influence. Déjà l’aumône, cette création exclusive du catholicisme, cette invention de la vanité sacerdotale, comme disait Barère[1], est entravée et poursuivie jusque dans ses asiles les plus sacrés et les plus purs, dans les hôpitaux qu’administrent les

  1. Exposé des motifs de la loi sur les secours publics, mars 1793 et juin 1794