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lui, qui régira son esprit comme elle régit déjà son industrie et sa propriété, qui élèvera ses enfants comme elle partage sa succession, et qui deviendra ainsi l’unique agent et le seul arbitre d’une nation moralement anéantie. L’Université ne représente pas seulement l’orgueil du rationalisme et l'anarchie intellectuelle où conduit l’incrédulité : elle représente surtout et elle sert merveilleusement cette tendance de l’État à tout ployer sous l’implacable niveau d’une stérile uniformité. C’est par elle que cé nouveau despotisme, qui menace le monde, tend à se substituer à l’Église et à la famille, ces deux foyers sacrés de la liberté morale du genre humain. Elle est l’instrument docile et efficace de cette coupable ambition des pouvoirs publics de nos jours, qui leur fait mettre la main sur tout ce qui était autrefois à l’abri de leur atteinte. Car, remarquons-le encore, par une contradiction aussi étrange que révoltante, plus leur durée est éphémère, plus ils sont dépouillés de tout ascendant moral sur les peuples, et plus ils aspirent à s’ériger en pontifes et en docteurs. C’est le moment où ils renoncent pour eux-mêmes à la profession d’une croyance quelconque, qu’ils choisissent pour réglementer et administrer chez les peuples le domaine de la conscience et de la foi, où leurs prédécesseurs n’avaient jamais osé s’aventurer qu’au nom et pour le compte d’une religion positive. Leur origine, leurs révolutions, leur constitution et leurs condi-