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Mais, vous disent les chefs du monopole, l’Université ne repousse pas le concours du clergé ; tout au contraire, elle le recherche et le facilite partout où elle le peut. Je le le crois bien en vérité ! Prêtres de Jésus-Christ, l’Université sachant bien quelle ne peut d’un soul coup anéantir votre influence et se substituer partout à vous, ne demande pas mieux que de vous prendre à son service, et de vous donner sa livrée : c’est d’elle que vous tiendrez vos gages et votre passeport auprès des générations nouvelles. Elle vous demande votre concours, dit-elle : mais à quelles conditions ? Sont-ce vos conseils qu’elle suivra ? est-ce votre esprit qu’elle inoculera, votre symbole qu’elle imposera ? Et ne sont-ce pas là les seules conditions possibles du concours d’un prêtre ? Tout au contraire, c’est elle qui vous un posera ses méthodes, qui vous prescrira ses systèmes, et qui surveillera votre langage ; elle qui ne compte pas un seul ecclésiastique parmi ses chefs, et qui est gouvernée par des hommes dont la croyance est souvent un mythe plus impénétrable encore que leur doctrine[1].

  1. Je me suis souvent demandé, quand j’étais élève de l’Université, comme depuis que j’en suis sorti, ce que l’aumônier de n’importe quel collège royal de Paris pourrait répondre à l’élève qui lui dirait : « Mais, M. l’Abbé, pourquoi voulez-vous nous faire croire à des choses que n’admettent aucun de nos professeurs ? »