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lci, encore, l’Université est parfaitement d’accord avec cette foule d’hommes d’État, de moralistes et de littérateurs que nous rencontrons à chaque pas sur notre chemin, et qui rêvent pour l’Église une sorte de servitude dorée et tranquille. On satisferait ainsi à la fois, et aux traditions du jansénisme parlementaire et du despotisme impérial, et aux illusions de cette aristocratie philosophique qui cherche à se constituer parmi nous, avec la mission de tendre doucement la main au genre humain, et de l’aider à s’élever plus haut encore que le christianisme[1]. Ah ! nous les connaissons bien, ces grands esprits, pour qui l’Église n’est qu’une sorte d’administration des pompes funèbres, à qui l’on commande des prières pour le convoi des princes, ou même des chants pour leurs victoires ; ` mais que l’on congédie poliment dès qu’elle s’avise de manifester ses vœux et ses droits. Nous les connaissons, ces tacticiens de cabinet, qui ne demanderaient pas mieux que de transformer le clergé en gendarmerie morale, sage et docile instrument d’une police spéciale, à l’usage de certains esprits prévenus, de certaines populations peu éclairées.

  1. La philosophie est patiente…, elle est pleine de confiance dans l’avenir. Heureuse de voir les masses, le peuple, c’est-à-dire le genre humain tout entier entre les bras du christianisme, elle se contente de lui tendre doucement la main et de l’aider à s’élever plus haut encore. M. Cousin, Cours d’Histoire de la Philosophie.