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serait de voir sa piété servir de voile à l’indifférence ou à l’hostilité du pouvoir contre l’Église. Il descend ensuite vers le ministre, et là, comme plus haut, ne reçoit que des expressions vagues de sympathie et de confiance dans l’avenir, des promesses sans garantie et sans valeur : on porte, lui dit-on, les intérêts de la religion dans son cœur ; on désire les servir de son mieux ; mais les difficultés sont grandes, les esprits sont échauffés ; il faut surtout se garder du zèle imprudent qui gâte tout ; les choses s’arrangeront ; le gouvernement est animé des meilleures intentions ; le bien se fera petit à petit ; le projet de loi sera présenté très-prochainement, pourvu toutefois que le ministère ne soit point gêné par les déclamations inopportunes du parti religieux ; sur quoi l’on accorde quelque faveur insignifiante et passagère. L’évêque s’en va en pensant peut-être qu’après tout ce ministre n’est pas si mauvais qu’on le dit : le ministre se félicite avec ses confidents de ce qu’après tout, avec de bonnes paroles, on peut venir à bout de la majorité sage et prudente de l’épiscopat[1] : et pendant ces conversations, comme avant, comme après, le monopole s’étend et s’enracine de plus

  1. On sait que les affidés de l’Université affectent de distinguer entre les évêques anciens et nouveaux ; et de ce que les prélats qui ont le plus énergiquement l’Université, comme M. l’évêque de Chartres, M. l’évêque de Belley et M. l’évêque de Châlons, ont été nommés avant 1830, ils concluent qu’il n’y a qu’à laisser mourir ce qu’ils appellent l’épiscopat de la Restauration, pour pouvoir compter sur l’amortissement de cette résistance redoutable