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nous avons même vu des lettres et des mémoires émanés de plumes épiscopales qui eussent à coup sûr ébranlé l’opinion des plus indifférents, si la publicité ne leur eût pas manqué. Mais quel a été le résultat de ces démarches confidentielles ? Aucun. Les ministres répondent d’une façon évasive, et tandis que leurs cartons sont remplis des plaintes de l’épiscopat, ils répliquent effrontément aux orateurs qui leur objectent ces doléances, qu’ils ne savent ce qu’on veut dire, et ils font vanter dans leurs journaux la sagesse et la prudence de la majorité des évêques français, par opposition à ceux d’entre ces prélats qui ont commis le crime de confier au pays tout entier le secret de leurs douleurs. Ces plaintes secrètes de l’épiscopat sont si complètement inutiles que depuis treize années il n’a pas été pris par le pouvoir universitaire une seule mesure propre à consoler ou à rassurer, même provisoirement, le clergé et les pères de famille chrétiens. Leurs démarches personnelles n’ont pas mieux réussi que leurs plaintes par correspondance. Que se passe-t-il en effet ? Un évêque arrive à Paris le cœur chargé d’amertume et de tristesse par la connaissance qu’il a de l’état déplorable de la jeunesse dans son diocèse : il se rend au Château ; il écoute un auguste interlocuteur qui de son côté écoute fort peu ou n’écoute point ; il recueille les touchantes paroles d’une reine si grande par sa piété et par ses épreuves, mais dont le plus grand malheur assurément