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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Nous arrivâmes à Rennes le 18, où M. de la Bourdonnaye, mon beau-frère, s’étoit rendu de sa terre pour me voir. M. de la Bourdonnaye de Montluc, président au Parlement de Bretagne, nous fit on ne sauroit mieux les honneurs de la ville, où il y a quelques beaux hôtels, deux places bien décorées, l’une par la statue de Louis XIV et l’autre par la statue pédestre de Louis XV, avec deux grandes figures qui l’accompagnent, monument placé en 1754, et que la Bretagne a élevé pour conserver la mémoire des alarmes de la nation lors de l’extrémité où le Roi se trouva à Metz, et de l’allégresse publique au rétablissement de sa santé. Les dehors de Rennes sont beaux ; le cours appelé “ Mail ” est un des plus beaux du royaume. Il y a beaucoup de personnes riches et beaucoup de noblesse, le Parlement de Rennes étant le seul dans le royaume qui se soit conservé dans le privilège de ne recevoir dans les charges que d’anciens gentilshommes. Le Roi les a confirmés dans cette prérogative, en sorte que tout Breton qui veut y acquérir une charge est obligé de justifier par titre qu’il descend d’un noble qui ait été maintenu dans sa noblesse lors de la recherche de 1666, ce qui établit au moins deux cents ans sans origine connue ; et pour ce qui est des étrangers qui ne sont pas Bretons, ils exigent une plus grande sévérité ; car ils ne s’en rapportent pas au jugement de noblesse, et ils exigent de prouver deux cents ans par titre sans origine connue. Aussi d’avoir un pair dans la magistrature du Parlement de Rennes n’exclut pas comme pour les autres des honneurs de la cour. MM. de Goyon, de Marbœuf, fils d’un conseiller