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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

solde du soldat une retenue pour son entretien ; mais par l’ordre du Roi, elle ne doit pas passer un sol.

La solde des troupes et de l’état-major ainsi que leur habillement est prise sur les fonds de la marine et commence du jour de l’embarquement. Le Roi nourrit pendant la traversée et a fait donner aux troupes deux mois de paie d’avance. Les compagnies ne sont point à la charge des capitaines, et S. M. leur accorde trois places de gratification à quelque nombre qu’elles passent aux revues. L’on a accordé à tous les commandants de bataillons des brevets de lieutenant-colonel. L’on a armé à neuf les bataillons que l’on a embarqués, et l’on a embarqué avec eux de quoi les habiller et équiper à neuf, à leur arrivée à Québec, en y joignant pour chacun un chapeau neuf et une paire de souliers.

L’on a distribué sur le vaisseau à chaque soldat un bonnet, un gilet, une paire de bas et une paire de souliers. À l’égard de leur nourriture, on leur donne la ration comme aux matelots et soldats de la marine. Le Roi a fourni des hamacs pour la traversée, et des lits pour les officiers qui ont été nourris par Messieurs les capitaines des vaisseaux, auxquels le Roi donne quatre rations par officier sur le pied de dix sols la ration, et la façon honorable dont ils vivent fait qu’il leur en coûte beaucoup plus cher à tous.

Le 2 avril, comme les vents parurent décidés au nord-est, on résolut de partir malgré l’ancienne superstition qu’avoient les marins de ne pas partir le vendredi ; et, comme il avoit été réglé par la cour qu’au lieu de marcher en escadre, on partiroit séparément, un vaisseau et une frégate de conserve, savoir : le Héros et la Licorne,