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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

prudence pour des petits bâtiments qui se trouveroient naturellement sur leur route, sans s’engager à leur donner trop de chasse s’ils étoient meilleurs voiliers et qu’ils n’amenassent pas : car communément sur mer, les petits vaisseaux marchands amènent pour peu qu’ils soient joints à la portée du canon, et tous ces petits bâtiments anglois naviguoient fort près de nous, dans la confiance qu’il n’y a que leur nation qui ait actuellement des vaisseaux de guerre dans ces mers. Je conviens qu’il faut éviter l’aventure de M. de la Maisonfort, capitaine de vaisseau, chargé, en 1745, de ravitailler Louisbourg, qui, au lieu de suivre son objet, s’amusant à donner la chasse à des petits bâtiments anglois, se trouva aux prises avec plusieurs gros vaisseaux de cette nation, et la connoissance que les Anglois eurent par la perte de ce vaisseau françois que Louisbourg manquoit de poudre, les détermina à l’expédition de cette place dont la restitution a servi de compensation à nos conquêtes de Flandre, et a fait hâter la conclusion de la paix d’Aix-la-Chapelle.

Du 7 avril 1756. — Il n’est pas possible d’avoir une continuation de temps plus favorable, et nous pouvons dire avoir eu une belle partance. La mer nous a peu incommodés ; les vents continuent nord-est. Nous allons toujours de conserve avec le Héros, et nous avons quelquefois conversation avec les officiers qui y sont à bord au moyen de porte-voix ; notre estime va à environ cinquante-trois lieues.

Du 8 avril 1756. — Continuation de bonne navigation. Belle mer, petit vent frais, notre estime nous porte en route environ cinquante-sept lieues. On ne sauroit