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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

depuis peu de pouvoir avoir des conversations suivies par signal, au moyen d’un certain nombre de pavillons, sans que les ennemis pussent en avoir connoissance, attendu la grande variété qu’on y mettroit parce que cela dépendroit toujours de celui par lequel on commenceroit. Je ne sais pas assez clairement la méthode pour en parler, mais je sais que l’escadre de M. de la Galissonnière envoyée en 1754 à Cadix, a eu pour objet d’exercer notre marine aux évolutions et d’essayer cette nouvelle méthode des signaux proposés par un officier de ce corps.

M. Pelegrin, capitaine de port de Québec, embarqué avec nous, a profité de la circonstance où nos deux bâtiments ont été obligés de s’arrêter, pour conférer avec M. Beaussier sur la route à tenir quand on sera aux atterrages pour entrer dans le golfe Saint-Laurent. M. Beaussier auroit quelque envie de passer par le détroit de Canseau ; c’est un passage d’une demi-lieue de large au milieu des possessions angloises ; ce seroit une marche hardie, qui pourroit leur donner le change ; mais elle auroit besoin du succès pour être applaudie.

M. de la Rigaudière et M. Pelegrin sont au contraire d’avis de s’en éloigner, de passer au sud du Banc-Vert, de reconnoître l’Île-Royale pour déterminer sa route, et gagner par là le golfe Saint-Laurent.

Du 10 avril 1756. — Notre estime a été de cinquante-trois lieues et nous croyons être à hauteur de la dernière île des Acores. Nous commençons à voir des poissons différents de ceux de nos mers, tels que des grandes tortues, des baleines et des souffleurs.