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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

paru ensuite se déterminer à faire route en Europe. Ceux qui liront ce journal qui n’a été fait que pour moi-même, seront peut-être ennuyés de l’attention scrupuleuse avec laquelle je parle de tous les bâtiments que l’on aperçoit mais qu’ils se mettent à la place des gens qui, renfermés dans un espace fort étroit, ne voient que le ciel et l’eau, ils comprendront aisément que la vue d’un petit bâtiment fait un petit moment d’amusement. D’ailleurs dans l’occurrence où nous craignons d’être pris par les Anglois, c’en est un de très grande attention. La continuation de beau temps fait que nos malades du mal de mer se remettent. Il semble ce soir que les vents veulent se tourner vers l’ouest. L’estime est d’environ cinquante lieues. Nos deux vaisseaux se sont mis en panne pour que nous puissions envoyer chercher la portion d’un bœuf qui avoit été tué à bord du Héros. Comme nous nous approchions des parages où l’on peut trouver les Anglois, M. Beaussier a profité de ce moment pour envoyer à notre commandant les divers signaux pour faire fausse route, suivant les divers côtés qu’il indiqueroit en cas de chasse de la part des Anglois. Ces signaux sont les mêmes que M. Périer de Salvert avoit imaginés pour son escadre ; nous avons déjà les signaux ordinaires qui se font le jour avec des pavillons et la nuit avec des feux ou des fusées, quand il y a brume. C’est par ces mêmes signaux que l’on fait manœuvrer les escadres. Chaque commandant d’escadre donne les siens en partant et les change lorsqu’il juge à propos. M. le maréchal de Tourville est le premier qui ait mis une forme à cette façon ingénieuse de se faire entendre. Il a été proposé