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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

veuille que nous n’en perdions pas d’autres, et qu’à celui-là près, nous arrivions à Québec le même nombre. Notre équipage, à notre départ de Brest, étoit de deux cent vingt-neuf hommes, non compris les officiers, passagers et leurs domestiques. On appelle passagers ceux qui ne sont pas chargés de la conduite du vaisseau, ainsi que M. de Bougainville, M. Estève, mon secrétaire, moi et M. Pelegrin ; cependant la réputation de ce dernier fait qu’on lui remettra la direction de la route dès que nous serons sur le Grand-Banc, et en attendant il fait son quart comme les officiers du vaisseau.

Du 17 avril 1756. — La nuit a continué à être affreuse ; sur les onze heures du matin, la mer ayant paru un peu moins agitée, M. de la Rigaudière, voyant avec douleur que nous nous étions déjà éloignés de soixante-quinze lieues de notre route, a voulu essayer de mettre à la cape. À peine nous étions-nous mis en travers, qu’il a fallu bien vite travailler tous pour nous remettre à notre première position, ayant aperçu la vergue du mât d’artimon qui plioit. Il faut convenir que nous sommes assez heureux d’avoir un bon équipage qui se démène bien dans les manœuvres. Nous sommes dans le cas de désirer du calme et de craindre cependant si le vent cessoit tout à coup, car la force du vent diminue l’impétuosité de la mer, et si le vent cessoit tout à coup, la mer plus agitée pourroit nous engloutir[1].

  1. En marge de la main du marquis de Montcalm, on lit ceci : Au point de faire venir la mâture à bas, d’ailleurs, il y avoit à craindre que la lame étant impétueuse et nous prenant de