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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

de Matane, l’île Saint-Barnabé, et nous sommes venus mouiller à neuf heures du soir par quinze brasses entre l’île Saint-Barnabé et l’île du Bic. La journée a été très froide, et quoique au 6 de mai, de la neige sur la côte ; il a même neigé dans la journée ; cependant comme nous n’avons pas trouvé de glace dans la rivière, M. Pelegrin assure que nous aurons eu à Québec un hiver qu’on ne rencontre pas ordinairement, et où le froid aura été peu considérable, et qu’il seroit dangereux une autre année de se régler sur le succès de notre navigation pour faire partir des vaisseaux d’aussi bonne heure ou de meilleure heure encore. J’observai que les caps que le P. Charlevoix appelle les monts Notre-Dame, cette chaîne de montagnes que j’ai appelé les monts Sainte-Anne, les monts Notre-Dame sont une seconde chaîne de montagnes à vingt lieues derrière cette première chaîne qui est le long de la côte ; c’est aux Mamelles de Matane que commencent les mouillages dans le fleuve du côté de la côte du Sud, qui est toujours plus sûre à tenir que la côte du Nord, quand on descend à Québec par un vent favorable et quand on rencontre un vent contraire, il vaut mieux ranger la côte du Nord. Cette observation n’a lieu que depuis l’embouchure de la rivière jusqu’à la vue de l’Île-aux-Coudres, où alors il faut toujours ranger la côte du Nord, pour éviter les battures qui sont vers la côte du Sud ; le mot batture veut dire des roches. Il y a même une ordonnance du Roi qui défend de naviguer dans cette partie. Au reste cette navigation est toujours très dangereuse, et il faut des pilotes qui la connoissent bien, y ayant beaucoup de roches et de brisants à éviter. C’est une