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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

attention digne du ministre de la marine que de faire tenir à Québec une école de pilotes, qui connoissent bien la navigation du fleuve Saint-Laurent, une des plus considérables, je crois, de l’univers, soit par une étendue de près de trois cents lieues, soit parce qu’il porte des vaisseaux de guerre du premier rang pendant plus de cent vingt lieues, et sa largeur qui à l’entrée est de dix-huit lieues et vis-à-vis Québec quoiqu’il n’ait que demi-lieue de large, il y a encore trente brasses d’eau. Les premières habitations que l’on trouve vers la côte du Sud sont à Saint-Bernabé ; aussi les vaisseaux françois commencent à y arborer le pavillon. La paroisse se nomme Rimouski ; il y a trente-six familles ; c’est une mission dépendante des Récollets ; car les missions du Canada sont gouvernées par les Jésuites, les Récollets, les prêtres de Saint-Sulpice et ceux des missions étrangères. Le seigneur ou concessionnaire de cet endroit est un M. Lepage ; je dis seigneur parce que les concessionnaires ont, comme en France, droit de justice, honneur d’église et des droits seigneuriaux, comme lods et moulins banaux ; il n’y a que la chasse et la pêche qu’ils n’ont pas exclusivement, à moins que leur concession ne soit elle-même une pêche sédentaire. Devant la porte de chaque seigneur on plante chaque année le mai, comme dans beaucoup de provinces de France. J’observai à cette occasion que les concessions s’accordent par le Roi sur l’avis du gouverneur et de l’intendant ; il y en a d’héréditaires ; il y en a pour un temps et à vie. Celles-là sont ordinairement du domaine du Roi et lucratives. Celles que l’on accorde héréditairement sont des terres à défricher, et pour qu’elles ne