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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Du 11 mai 1756. — Le vent s’étant élevé avec force sur l’ouest, il a fallu rester toute la journée au mouillage. Un bâtiment qui a chassé sur ses ancres, nous a fait craindre un petit moment d’être abordé.

Du 12 mai 1756. — Les vents continuant d’être toujours contraires, j’ai pris mon parti pour débarquer à un petit endroit appelé la Petite-Ferme, et me rendre par terre à Québec avec des petites voitures du pays, charrettes ou calèches, qui sont comme nos cabriolets, conduites par un seul cheval. L’espèce des chevaux est dans le goût de ceux des Ardennes pour la force, la fatigue et même la tournure. Le chemin de la Petite-Ferme à Québec est beau ; on le fait dans la belle saison en six heures, on change à chaque paroisse de voiture, ce qui retarde, à moins qu’on n’en ait fait prévenir. On paye ces voitures à un cheval à raison de vingt sols par lieue. Les lieues sont déterminées sur celles de l’Île-de-France. Je fus obligé de coucher en chemin chez M. du Buron, curé de la paroisse du Château. Les cures sont ordinairement possédées par des gens de condition ou de bonne famille du pays ; ils sont plus considérés qu’en France, mieux logés, et comme ils ont la dîme de tous grains, les moindres cures valent douze cents livres et communément deux mille livrés.

Du 13 mai 1756. — Les vents étant hier devenus nord-est, le Héros est entré dans la rade de Québec et a débarqué ce matin neuf compagnies du régiment de la Sarre. La Licorne a profité du même vent pour entrer ce matin dans la rade ; au moyen de quoi je ne suis arrivé que quelques heures après, et en voulant