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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

me presser j’y ai été pour de la pluie, de la fatigue et de la dépense.

La Reine-des-Anges, partie de Rochefort, et le Robuste, parti de Bordeaux, vaisseaux marchands frétés pour le compte du Roi, sont entrés et ont débarqués deux cent cinquante hommes de recrue et des provisions de bouche.

M. Bigot, intendant, m’a donné à dîner avec quarante personnes. La magnificence et la bonne chère annoncent que la place est bonne, qu’il s’en fait honneur ; et un habitant de Paris auroit été surpris de la profusion de bonnes choses en tout genre. L’évêque, M. de Pontbriand, prélat respectable, voulut me donner à souper, et M. le chevalier de Longueuil, commandant la place en l’absence de M. de Vaudreuil, gouverneur général, que les opérations de la campagne retiennent à Montréal. Il est lieutenant de Roi de Québec ; le gouvernement particulier en a été supprimé pour être réuni au gouvernement général et en augmenter les appointements, qui ne vont avec les émoluments qu’à quarante mille livres.

Comme dans ce journal uniquement fait pour moi, je parle des divers objets à mesure qu’ils se présentent, on me passera d’y dire que la viande de boucherie m’a paru très bonne, de même que la volaille. Les bécassines, canards, sarcelles, aussi bons qu’en France, les perdrix excellentes, avec beaucoup de fumet, malgré ce qu’en dit le P. Charlevoix ; je n’ai pas fait cas de l’outarde.

Le pays produit peu de fruits, des petites pommes, un petit fruit aigrelet approchant de la cerise appelé atocha, qui vient sous la neige, et dont on fait des com-