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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

d’environ cent toises, qui fut établie à sape volante sur la crète de la hauteur à quatre-vingt-dix toises du fort. La surprise des sauvages fut grande en voyant le travail que les troupes avoient fait dans la nuit ; ils demandèrent à venir quelques-uns, et on les plaçoit derrière des espèces de créneaux faits avec des sacs à terre. Cent cinquante travailleurs perfectionnèrent cette parallèle. L’on fit partir des détachements de Canadiens et de sauvages pour aller jusqu’à un portage à trois lieues de Chouaguen, afin d’être avertis à temps si les ennemis marchoient, ayant résolu de ne livrer pour ainsi dire que les drapeaux et de marcher au-devant d’eux avec tous les Canadiens et sauvages, quatre piquets par bataillon de gens choisis et les trois compagnies de grenadiers. On a continué jusqu’au dernier moment du départ de toutes les troupes de Chouaguen à entretenir des détachements de découvreurs dans cette partie. La tranchée fut relevée par M. de Fontbonne, lieutenant-colonel, avec la compagnie de grenadiers de Béarn et quatre piquets. M. de Bourlamaque qui avoit été chargé de la direction des travaux du siège, reçut une contusion à la tête ; il ne quitta point la tranchée et s’étoit établi pour reposer quelques moments au dépôt. Les ennemis firent un feu considérable dès le point du jour, nous jetèrent des bombes et des grenades. Nous comptions mettre en batterie six pièces de canon pour battre le fort Ontario ; mais les ennemis qui y étoient au nombre de trois cents ne jugèrent pas à propos d’en attendre l’effet ; ils craignirent qu’on ne leur coupât dans la nuit la communication du vieux Chouaguen, ou qu’on ne les précipitât dans la rivière sur laquelle ils