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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

n’avoient aucun pont. On ne s’aperçut de leur retraite que vers les cinq heures du soir, par la cessation de leur feu. On trouva qu’ils avoient encloué et jeté leur poudre dans le puits. Cette retraite précipitée ayant fait juger que leur défense pourroit n’être point nerveuse, M. le marquis de Montcalm jugeant à propos de leur en imposer encore davantage par les travaux, toutes les troupes françoises et cent hommes de la colonie furent employés à conduire à bras vingt pièces de canon, à charrier les munitions nécessaires, à établir une batterie à barbette et à faire une communication depuis le fossé du fort Ontario, à la faveur duquel on arrivoit à couvert. Comme la rivière étoit entre nous et les ennemis, on employa même les piquets de la tranchée. Si on n’employa pas un plus grand nombre de Canadiens à ces diverses opérations, c’est qu’ils étoient destinés à faire un mouvement dès la petite pointe du jour. Les ennemis n’inquiétèrent pas beaucoup cette nuit, ils se contentèrent de tirer une douzaine de bombes et quelques coups de canon. Nous eûmes neuf pièces de canon en état de tirer au jour ; elles furent fort bien servies, malgré la vivacité du feu des ennemis ; cette batterie étoit placée sur le bord de l’escarpement ; cela donnoit (sic) et prenoit de revers les retranchements des ennemis. Douze cents hommes de jour furent occupés à fournir des munitions et perfectionner l’autre batterie, qui auroit été plus solide, le 15 au matin, et de vingt pièces de canon en même temps, ou en construire une de mortiers et obusiers, à la faveur d’un petit rideau sur la capitale de l’angle flanqué du fort Ontario, qui regarde le nord-ouest. Quasi tous les sauvages et