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JOURNAL DU MARQUIS DE MONTCALM

Canadiens avoient passé à la pointe du jour la rivière à six cents toises du fort, sous les ordres de M. de Rigaud, pour achever d’investir les ennemis. Cette manœuvre se fit d’une façon brillante et décisive, y ayant beaucoup d’eau qui n’arrêta personne. M. le marquis de Montcalm avoit gardé cent Canadiens pour pouvoir faire passer à l’entrée de la nuit, par le large du lac, le bataillon de Béarn, avec quelques pièces de canon, pour se joindre à M. de Rigaud et former une attaque du côté du fort George que les ennemis avoient abandonné. Cette dernière manœuvre auroit sans doute achevé de leur faire perdre contenance ; mais la promptitude de nos travaux dans un terrain qu’ils avoient jugé impraticable, la manœuvre du corps qui avoit passé la rivière, leur fit juger, suivant ce que nous ont dit les officiers prisonniers, que nous devions être six mille hommes. Le colonel Mercer venoit d’être tué. La crainte de tomber entre les mains de nos sauvages, toutes ces raisons déterminèrent le lieutenant-colonel du régiment de Pepperel, M. Littlehales, qui commandoit depuis la mort du colonel Mercer, à envoyer proposer de leur accorder une capitulation. Ils arborèrent sur les dix heures le drapeau blanc. Le marquis de Montcalm envoya le sieur de Bougainville, un de ses aides de camp, leur dire qu’il ne pouvoit les recevoir que prisonniers de guerre, avec la seule conservation des effets appartenant aux officiers, et ne leur donna qu’une heure. Ils lui envoyèrent de suite des articles conformes qu’il accepta, et le sieur de Lapause y passa pour convenir de l’heure à laquelle les troupes s’en empareroient. Le marquis de Montcalm fit occuper les