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LE PETIT LÉOTARD

— C’est elle que le public applaudirait, disait-il, si elle paraissait à cheval, comme Mametta ou Luisa.

— Tu la trouves toujours jolie, ma fille ? demandait Mme Alcindor.

— Oh ! elle est blanche et rose ! Il n’y a que les poupées dans les magasins qui soient jolies comme elle.

— Il est drôle, ce petit, avec son enthousiasme pour Colette, pensait Mme Alcindor.

Elle ramenait Pépé dans la maison de l’hivernage et alors continuait l’éducation du jeune successeur de Léotard.

Sous le vitrage du manège on avait suspendu deux trapèzes tenus par de longues cordes et il s’agissait de voler de l’un à l’autre. Il n’y avait ni matelas, ni filets, de ces filets avec lesquels les gymnastes ne craignent guère de se faire mal, quelle que soit la chute effrayante qu’ils fassent ; si Pépé tombait, il tombait sur la sciure de l’arène, et s’il tombait mal, il pouvait se casser une jambe ou se casser les reins. Aussi ses exercices étaient-ils attentivement suivis par les artistes du cirque Alcindor et, quand il s’élançait, tous faisaient silence et le regardaient avec angoisse.

C’était Gig qui avait pris sur lui de guider Pépé et de lui lancer les trapèzes. Sa responsabilité était grande. Il suffisait d’un trapèze lancé de travers ou mal lancé pour que Pépé le manquât et tombât. Aussi Gig devenait-il grave dès que Pépé commençait.

Celui-ci, en maillot, montait sur une plate-forme située à l’extrémité du manège. Gig lui lançait le premier trapèze que Pépé retenait de la main. Gig allait alors se placer sous le