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HISTOIRE DU CÉLÈBRE PÉPÉ

— J’ai une idée, dit Jambe-de-Cerf. Vous avez lu comme moi les histoires des chauffeurs, n’est-ce pas, ces bandes qui parcouraient le pays en dévalisant les maisons isolées ? Pour faire avouer aux gens où ils cachaient leur argent, ils leur chauffaient les pieds et ils réussissaient toujours, tellement c’est un douloureux supplice.

— Il faut brûler les pieds de Pépé, dit Doxie.

Et elle brisa de ses mains les planches d’une caisse pour activer le feu qui flamba dans un coin.

Tandis qu’ils s’occupaient du foyer et que Jambe-de-Cerf disposait deux morceaux de bois destinés à maintenir les jambes du pauvre Pépé devant le feu, ce dernier par un mou­vement insensible se rapprochait d’une hache qu’il voyait dans un coin.

— Tu vas la payer cher, ta dénonciation, disait Queue-de-Merle en activant le feu.

Pépé ne répondait rien. Il continuait sa manœuvre.

— Qu’est-ce qu’il fait ? Il bouge ? fit Marie.

— Laisse-le faire, dit Jambe-de-Cerf, il n’ira pas loin.

Ils ne pensaient pas à la hache.

Pépé l’atteignit et son œil jeta un éclair de triomphe.

— Vite, vite, soufflons sur le feu ! disaient Doxie et Marie, semblables à deux horribles sorcières.

— Vite, vite, activons le feu ! disaient d’une voix les trois hommes.

Et Pépé appuyait fortement la corde dont ses poignets étaient liés contre le tranchant de la hache et imprimait à la corde un léger va-et-vient.