Je ne puis, divin mollak, calmer mon impatience : je ne saurais attendre ta sublime réponse. J’ai des doutes, il faut les fixer : je sens que ma raison s’égare ; ramène-la dans le droit chemin. Viens m’éclairer, source de lumière ; foudroie, avec ta plume divine, les difficultés que je vais te proposer ; fais-moi pitié de moi-même, et rougir de la question que je vais te faire.
D’où vient que notre législateur nous prive de la chair de pourceau, et de toutes les viandes qu’il appelle immondes ? [1] D’où vient qu’il nous défend de toucher un corps mort, et que, pour purifier notre âme, il nous ordonne de nous laver sans cesse le corps ? Il me semble que les choses ne sont en elles-mêmes ni pures, ni impures : je ne puis concevoir aucune qualité inhérente au sujet, qui puisse les rendre telles. La boue ne nous paraît sale que parce qu’elle blesse notre vue, ou quelque autre de nos sens : mais, en elle-même, elle ne l’est pas plus que l’or et les diamants. L’idée de souillure, contractée par l’attouchement d’un cadavre, ne nous est venue que d’une certaine répugnance naturelle que nous
- ↑ Esprit des lois, XXIV, 25.