LETTRE XXXIX.
HAGI [1]IBBI, AU JUIF BEN JOSUÉ,
PROSÉLYTE MAHOMÉTAN.
A SMYRNE.
Il me semble, Ben Josué, qu’il y a toujours des signes éclatants, qui préparent à la naissance des hommes extraordinaires, comme si la nature souffrait une espèce de crise, et que la puissance céleste ne produisît qu’avec effort.
Il n’y a rien de si merveilleux que la naissance de Mahomet. Dieu, qui, par les décrets de sa providence, avait résolu, dès le commencement, d’envoyer aux hommes ce grand prophète pour enchaîner Satan, créa une lumière deux mille ans avant Adam, qui, passant d’élu en élu, d’ancêtre en ancêtre de Mahomet, parvint enfin jusqu’à lui, comme un témoignage authentique qu’il était descendu des patriarches.
Ce fut aussi à cause de ce même prophète, que Dieu ne voulut pas qu’aucun enfant fût conçu, que la femme ne cessât d’être immonde, et que l’homme ne fût livré à la circoncision. [2]
Il vint au monde circoncis, et la joie parut sur son