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LETTRES PERSANES.


plus grand de tous les princes [1] qui ont mérité le nom de grand. Je travaille depuis longtemps à un autre ouvrage, qui fera encore plus d’honneur à notre nation, si Votre Grandeur veut m’accorder un privilège : mon dessein est de prouver que, depuis le commencement de la monarchie, les Français n’ont jamais été battus, et que ce que les historiens ont dit jusqu’ici de nos désavantages sont de véritables impostures. Je suis obligé de les redresser en bien des occasions ; et j’ose me flatter que je brille surtout dans la critique. Je suis, monseigneur, etc. »


« Monseigneur,


« Depuis la perte que nous avons faite de M. le comte de L., [2] nous vous supplions d’avoir la bonté de nous permettre d’élire un président. Le désordre se met dans nos conférences ; et les affaires d’État n’y sont pas traitées avec la même discussion que par le passé : nos jeunes gens vivent absolument sans égard pour les anciens, et entre eux sans discipline : c’est le véritable conseil de Roboam, où les jeunes imposent aux vieillards. Nous avons beau leur représenter que nous étions paisibles possesseurs des Tuileries vingt ans avant qu’ils fussent [3] au monde : je crois qu’ils nous enchasseront à la fin ; et qu’obligés de quitter ces lieux, où nous avons tant de fois évoqué les ombres de nos héros français, il faudra que nous allions tenir nos conférences au Jardin du roi, ou dans quelque lieu plus écarté. Je suis... »

De Paris, le 7 de la lune de gemmadi 2, 1719.

  1. A. Était plus grand que tous les princes.
  2. Le comte de Lionne.
  3. A. Qu’ils ne fussent.