Mais elle avait cet air que donne la nature,
Cet air dont le secret n’est point connu de l’art.
Elle sourit : Tu vois la seconde des Grâces,
Dit-elle avec un ton qui passait jusqu’au cœur :
Vénus t’appelle à Gnide, et fera ton bonheur.
Elle fuit dans les airs : mes yeux suivent ses traces ;
Je me lève, enflammé de plaisir et d’espoir :
Comme une ombre légère elle était disparue ;
Et le transport divin que me causait sa vue
Bientôt cède au regret de ne la plus revoir.
Je respirai l’amour en arrivant à Gnide ;
Mais ce que je sentais, je ne puis l’exprimer :
Mon cœur se pénétrait d’une flamme rapide ;
Je n’aimais pas encor, mais je brûlais d’aimer.
Je m’avançai ; je vis des nymphes enfantines
Jouer innocemment dans les plaines voisines ;
Je me précipitai vers ces jeunes appas :
Insensé ! m’écriai-je, où s’égarent mes pas ?
Quel trouble me saisit ? d’où vient que je soupire ?
J’éprouve, sans aimer, l’ivresse de Vénus !
Mon cœur déjà poursuit des objets inconnus !
Tout à coup j’aperçus la charmante Thémire ;
Je ne regardai qu’elle, et j’expirais, je croi,
Si ses regards flatteurs n’étaient tombés sur moi.
Je courus à Vénus : Écoute ma prière,
Lui dis-je, et puisqu’ici tu dois me rendre heureux,
Ordonne que ce soit avec cette bergère !
Seule, elle peut remplir ta promesse et mes vœux.