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CHAPITRE XX.


1. DES CONQUÊTES DE JUSTINIEN.
2. DE SON GOUVERNEMENT.


Comme tous ces peuples entraient pêle-mêle dans l’Empire, ils s’incommodaient réciproquement, et toute la politique de ces temps-là fut de les armer les uns contre les autres ; ce qui était aisé, à cause de leur férocité et de leur avarice. Ils s’entre-détruisirent pour la plupart avant d’avoir pu s’établir, et cela fit que l’empire d’Orient subsista encore du temps.

D’ailleurs, le Nord s’épuisa lui-même, et l’on n’en vit plus sortir ces armées innombrables qui parurent d’abord : car, après les premières invasions des Goths et des Huns, surtout depuis la mort d’Attila, ceux-ci et les peuples qui les suivirent attaquèrent avec moins de forces.

Lorsque ces nations, qui s’étaient assemblées en corps d’armée, se furent dispersées en peuples, elles s’affaiblirent beaucoup : répandues dans les divers lieux de leurs conquêtes, elles furent elles-mêmes exposées aux invasions.

Ce fut dans ces circonstances que Justinien entreprit de reconquérir l’Afrique et l’Italie et fit ce que nos Français [1] exécutèrent aussi heureusement contre les Visi-

  1. Les Francs de Clovis et de ses successeurs.