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GRANDEUR ET DÉCADENCE


goth, les Bourguignons, les Lombards et les Sarrasins.

Lorsque la Religion chrétienne fut apportée aux Barbares, la secte arienne était en quelque façon dominante dans l’Empire. Valens leur envoya des prêtres ariens, qui furent leurs premiers apôtres. Or, dans l’intervalle qu’il y eut entre leur conversion et leur établissement, cette secte fut en quelque façon détruite chez les Romains. Les Barbares ariens[1], ayant trouvé tout le pays orthodoxe, n’en purent jamais gagner l’affection, et il fut facile aux Empereurs de les troubler.

D’ailleurs, ces Barbares, dont l’art et le génie n’étaient guère d’attaquer les villes et encore moins de les défendre, en laissèrent tomber les murailles en ruine. Procope nous apprend que Bélisaire trouva celles d’Italie en cet état. Celles d’Afrique[2]avaient été démantelées par Genséric[3], comme celles d’Espagne le furent dans la suite par Vitisa[4], dans l’idée de s’assurer de ses habitants.

La plupart de ces peuples du Nord, établis dans les pays du Midi, en prirent d’abord la mollesse et devinrent incapables des fatigues de la guerre[5]. Les Vandales languissaient dans la volupté : une table délicate, des habits efféminés, des bains, la musique, la danse, les jardins, les théâtres, leur étaient devenus nécessaires.

Ils ne donnaient plus d’inquiétude aux Romains[6], dit Malchus[7], depuis qu’ils avaient cessé d’entretenir les

  1. A. Ce qui fit que les Barbares ariens, etc., et qu'il fut facile aux empereurs de les troubler.
  2. A. Pour celles d'Afrique, elles avoient été démantelées, etc.
  3. Procope, Guerre des Vandales, liv. I. (M.)
  4. Mariana, Histoire d’Espagne, liv. VI, ch. XIX. (M.) La phrase : comme celles d'Espagne, etc., n'est point dans A.
  5. Procope, Guerre des Vandales, liv. II. (M.)
  6. Du temps d’Honoric [ou Huneric]. (M.)
  7. Histoire bizantine, dans l’Extrait des ambassades. (M.)