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DES ROMAINS, CHAP. XXI.


sont très souvent liées [1] avec les secrets de l’État ; et ils ne négligent rien pour les pénétrer.

Des variations dans le change sans une cause connue [2], font que bien des gens la cherchent et la trouvent à la fin[3].

L’invention de l’imprimerie, qui a mis les livres dans les mains de tout le monde, celle de la gravure, qui a rendu les cartes géographiques si communes, enfin, l’établissement des papiers politiques[4], font assez connaître à chacun les intérêts généraux pour pouvoir plus aisément être éclairci sur les faits secrets.

Les conspirations dans l’État sont devenues difficiles, parce que, depuis l’invention des postes, tous les secrets particuliers sont dans le pouvoir du Public.

Les princes peuvent agir avec promptitude, parce qu’ils ont les forces de l’État dans leurs mains ; les conspirateurs sont obligés d’agir lentement, parce que tout leur manque. Mais, à présent que tout s’éclaircit avec plus de facilité et de promptitude, pour peu que ceux-ci perdent de temps à s’arranger, ils sont découverts.

  1. A. Sont toujours liées.
  2. A. Sans cause connue.
  3. Esprit des lois, XXII,10.
  4. C'est-à-dire des journaux.