Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t3.djvu/223

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CHAPITRE VI.


COMMENT ON SUPPLÉE A LA VERTU
DANS LE GOUVERNEMENT MONARCHIQUE.


Je me hâte, et je marche à grands pas, afin qu’on ne croie pas que je fasse une satire du gouvernement monarchique. Non ; s’il manque d’un ressort, il en a un autre : L’HONNEUR, c’est-à-dire le préjugé de chaque personne et de chaque condition, prend la place de la vertu politique dont j’ai parlé [1], et la représente partout. Il y peut inspirer les plus belles actions ; il peut, joint à la force des lois, conduire au but du gouvernement comme la vertu même.

Ainsi, dans les monarchies bien réglées, tout le monde sera à peu près bon citoyen, et on trouvera rarement quelqu’un qui soit homme de bien ; car, pour être homme de bien [2], il faut avoir intention de l’être [3], et aimer l’État moins pour soi que pour lui-même. [4]

  1. A. B. Prend la place de la vertu et la représente, etc.
  2. S. Ce mot, homme de bien, ne s'entend ici que dans un sens politique. (M.)
  3. Voyez la note 1 de la page 129. (M.)
  4. Ce dernier membre de phrase : et aimer l'État, etc., manque dans A.B.
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