Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t3.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
208
DE L'ESPRIT DES LOIS.


elles dépouilleroient des enfants innocents ; elles détruiroient une famille, lorsqu’il ne s’agiroit que de punir un coupable. Dans les républiques, elles feroient le mal d’ôter l’égalité qui en fait l’âme, en privant un citoyen de son nécessaire physique [1].

Une loi romaine [2] veut qu’on ne confisque que dans le cas de crime de lèse-majesté au premier chef [3]. Il seroit souvent très-sage de suivre l’esprit de cette loi, et de borner les confiscations à de certains crimes [4]. Dans les pays où une coutume locale a disposé des propres, Bodin [5] dit très-bien qu’il ne faudroit confisquer que les acquêts.

  1. Il me semble qu'on aimoit trop les confiscations dans la république d’Athènes. (M.)
  2. Authentique, Bona damnatorum, Cod., De bon. proscript. seu damn. (M.)
  3. Ce sont les crimes contre la personne du prince et la sûreté de l'État.
  4. Les admettre pour quelque crime que ce soit, c’est créer des tyrans pour enrichir des délateurs. (HELVÉTIUS.)
  5. De la République, liv. V, chap. III. (M.)
    ______________