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DE L'ESPRIT DES LOIS.


permirent ces mariages ; les Wisigoths les défendirent [1] en Espagne, et ensuite ils les permirent ; les Lombards ne les permirent pas seulement, mais même les favorisèrent [2]. Quand les Romains voulurent affoiblir la Macédoine, ils y établirent qu'il ne pourroit se faire d’union par mariages entre les peuples des provinces.

Alexandre, qui cherchoit à unir les deux peuples, songea à faire dans la Perse un grand nombre de colonies grecques. Il bâtit une infinité de villes, et il cimenta si bien toutes les parties de ce nouvel empire, qu’après sa mort, dans le trouble et la confusion des plus affreuses guerres civiles, après que les Grecs se furent pour ainsi dire anéantis eux-mêmes, aucune province de Perse ne se révolta.

Pour ne point épuiser [3] la Grèce et la Macédoine, il envoya à Alexandrie une colonie de juifs [4] : il ne lui importoit quelles mœurs eussent ces peuples, pourvu qu’ils lui fussent fidèles.

Il [5] ne laissa pas seulement aux peuples vaincus leurs mœurs, il leur laissa encore leurs lois civiles, et souvent même les rois et les gouverneurs qu’il avoit trouvés. Il mettoit les Macédoniens [6] à la tête des troupes, et les gens du pays à la tête du gouvernement ; aimant mieux courir le risque de quelque infidélité particulière (ce qui

  1. Voyez la loi des Wisigoths, liv. III, tit. I, § 1 qui abroge la loi ancienne, qui avoit plus d’égards, y est-il dit, à la différence des nations que des conditions. (M.)
  2. Voyez la loi des Lombards, liv. II, tit. VII, § 1 et 2. (M.)
  3. A. B. Pour ne point trop épuiser, etc.
  4. Les rois de Syrie, abandonnant le plan des fondateurs de l'empire, voulurent obliger les Juifs à prendre les mœurs des Grecs ; ce qui donna à leur État de terribles secousses. (M.) Cette note figure dans le texte de A. B.
  5. Tout ce qui suit jusqu’à la fin du chapitre manque dans A. B.
  6. Voyez Arrien, De exped, Alex., lib. III et autres. (M.)