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EXAMEN CRITIQUE.


d’un débiteur qui ne paye pas au terme convenu, et qui par là cause du dommage à son créancier ; il mérite alors d’être condamné à payer des intérêts, sur ce principe que celui-là paye moins qui paye plus tard ; mais lorsque le débiteur paye au terme précis ce qu’il a emprunté, doit-il donc payer des intérêts ? L’auteur reprend Tacite, pour avoir dit que la loi des Douze Tables fixa l’intérêt à un pour cent. (Livre XXII, chapitre XXII.) « Il est visible qu’il s’est trompé, » dit l’auteur. Tacite ne s’est point trompé. Il parle de l’intérêt à un pour cent par mois, et l’auteur s’est imaginé qu’il parle d’un pour cent par an. Rien n’est si connu que « la centésime », qui se payoit à l’usurier tous les mois ; un homme qui écrit deux volumes in-4o sur les lois devroit-il l’ignorer ?

Au chapitre II du livre XXIII, l’auteur parlant des mariages dit : « L’obligation naturelle qu’a le père de nourrir ses enfants a fait établir le mariage, qui déclare celui qui doit remplir cette obligation. « Un chrétien rapporteroit l’institution du mariage à Dieu même, qui donna une compagne à Adam, et qui unit le premier homme à la première femme par un lien indissoluble, avant qu’ils eussent des enfants à nourrir. Mais l’auteur évite tout ce qui a trait à la révélation, quoiqu’il veuille quelquefois passer pour chrétien.

Quand il parle des lois romaines, qui accordoient des récompenses à ceux qui se marioient ou qui avoient un certain nombre d’enfants, ou qui punissoient ceux qui ne se marioient pas, il le fait avec éloge ; mais il ne peut s’empêcher de laisser voir son chagrin sur le changement que la religion chrétienne a apporté aux lois romaines à cet égard, a On trouve, dit-il, les morceaux de ces lois dispersées... dans le Code Théodosien qui les a abrogées, dans