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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/146

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EXAMEN CRITIQUE.


leurs, il y a plus de vols. » (Livre XXIII, chap. XXI.)

On aperçoit ici toute la malignité de l’auteur, qui veut rejeter sur la religion chrétienne des désordres qu’elle déteste. Elle n’impose à personne la nécessité d’embrasser la continence ; mais ceux qui s’engagent à l’observer, sont obligés d’accomplir leur vœu ; et combien y en a-t-il qui l’observent avec fidélité ? S’il en est qui violent leur engagement, comme en effet il y en a, est-ce à la religion qu’il faut s’en prendre, en insinuant qu’elle a rendu le monde plus corrompu, sous prétexte de l’élever à un plus haut degré de perfection ?

16 octobre 1749.

Dans un autre endroit l’auteur reprend Bayle d’avoir flétri la religion chrétienne, après avoir insulté toutes les religions. « Il ose avancer, dit-il, (livre XXIV, chapitre VI.) que de véritables chrétiens ne formeroient pas un État qui pût subsister. » A quoi l’auteur répond que « les principes du christianisme, bien gravés dans le cœur, seraient infiniment plus forts que ce faux honneur des monarchies, ces vertus humaines des républiques, et cette crainte servi le des États despotiques ». Réponse qui ferait de l’auteur un chrétien, si le moment d’après il ne la détruisoit. En continuant de répondre à Bayle, il dit : « Il est étonnant que ce « grand homme » n’ait pas su distinguer les ordres pour l’établissement du christianisme d’avec le christianisme même, et qu’on puisse lui imputer d’avoir méconnu l’esprit de sa propre religion. Lorsque le législateur, au lieu de donner des lois, a donné des conseils, c’est qu’il a vu que ces conseils, s’ils étoient ordonnés comme des lois, seraient contraires à l’esprit de ces lois. Les lois humaines, faites pour parler à l’esprit, doivent