Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/191

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
175
DE L’ESPRIT DES LOIS.


d’usages et de pratiques dans tous les pays du monde, on peut avec une pareille méthode le charger des erreurs et même des abominations de tout l’univers. Le critique dit, à la fin de sa seconde feuille, que Dieu lui a donné quelque zèle. Eh bien ! je réponds que Dieu ne lui a pas donné celui-là.


CLIMAT.


Ce que l’auteur a dit sur le climat, est encore une matière très-propre pour la rhétorique. Mais tous les effets quelconques ont des causes : le climat et les autres causes physiques produisent un nombre infini d’effets. Si l’auteur avoit dit le contraire, on l’auroit regardé comme un homme stupide. Toute la question se réduit à savoir si dans des pays éloignés entre eux, si sous des climats différents, il y a des caractères d’esprit nationaux. Or, qu’il y ait de telles différences, cela est établi par l’universalité presque entière des livres qui ont été écrits. Et, comme le caractère de l’esprit influe beaucoup dans la disposition du cœur, on ne sauroit encore douter qu’il n’y ait de certaines qualités du cœur plus fréquentes dans un pays que dans un autre ; et l’on en a encore pour preuve un nombre infini d’écrivains ’de tous les lieux et de tous les temps. Comme ces choses sont humaines, l’auteur en a parlé d’une façon humaine. Il auroit pu joindre là bien des questions que l’on agite dans les écoles sur les vertus humaines et sur les vertus chrétiennes ; mais ce n’est point avec ces questions que l’on fait des livres de physique, de politique et de jurisprudence. En un mot, ce physique du climat peut produire diverses dispositions