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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/206

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DÉFENSE

Mais il en reste une autre, qui est de savoir si la loi quelconque, dont parle Tacite, fixa l’usure à un pour cent par an, comme l'a dit l’auteur ; ou bien à un pour cent par mois, comme le dit le critique. La prudence vouloit qu’il n’entreprît pas une dispute avec l’auteur sur les lois romaines, sans connoître les lois romaines ; qu’il ne lui niât pas un fait qu’il ne savoit pas, et dont il ignoroit même les moyens de s’éclaircir. La question étoit de savoir ce que Tacite avoit entendu par ces mots unciarium fœnus [1] : il ne lui falloit qu’ouvrir les dictionnaires ; il auroit trouvé, dans celui de Calvinus ou Kahl [2] , que l’usure onciaire étoit d’un pour cent par an, et non d’un pour cent par mois. Vouloit-il consulter les savants : il auroit trouvé la même chose dans Saumaise [3].

Testis mearum centimanus Gyas
Sententiarum.

HOR., Ode IV, liv. IV, v. 69.
  1. Nam primo duodecim Tabulis sanctum, ne quis unciario fœnore amplius exerceret. Annal., liv. VI.
  2. Usurarum species ex assis partibus denominantur : quod ut intelligatur, illud scire oportet, sortem omnem ad centenarium numerum revocari ; summam autem usuram esse, cum pars sortis centesima singulis mensibus persolvitur. Et quoniam ista ratione summa hœc usura duodecim aureos annuos in centenos efficit, duodenarius numerus jurisconsultos movit, ut assem hune usurarium appellarent. Quemadmodum hic as, non ex menstrua, sed ex annua pensione œstimandus est ; similiter omnes ejus partes ex anni ratione intelligendm sunt ; ut, si unus in centenos annuatim pendatur, unciaria usura ; si bini, sextans ; si terni, quadrans ; si quaterni, triens ; si quini, quinqunx  ; si seni, semis ; si septeni, septunx ; si octoni, bes ; si novem, dodrans ; si déni, dextrans ; si undeni, deunx ; si duodeni, as. Lexicon Johannis Calvini, alias Kahl, Colonie Allobrogum, anno 1622, apud Petrum Balduinum, in verbo usura, p. 960. (M.)
  3. De modo usurarum. Lugduni Batavorum, ex officina Elseviriorum, anno 1639, p. 269, 270 et 271 ; et surtout ces mots : Unde verius sis iniciarum fœnus eorum, vel uncias usuras, ut eas quoque appellatas infra ostendam ni, non unciam dare menstruam in centum, sed annuam. (M.)