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RÉPONSE A LA DÉFENSE


prendre. Dans la recherche qu’a fait des lois notre jurisconsulte, en a-t-il trouvé quelqu’une qui permette d’abuser ainsi de la crédulité des hommes ? Il poursuit, et dit : « On a beaucoup crié sur ce que l’auteur a ajouté... Voici donc le principe fondamental des lois politiques en fait de religion : quand on est le maître dans un État de recevoir une nouvelle religion ou de ne la pas recevoir, il ne faut pas l’y établir. Quand elle y est établie, il faut la tolérer (Sup., p. 177). » Ce texte, quand il seroit seul, dit à qui veut l’entendre, qu’il faut fermer la porte à la religion chrétienne dans tous les États où elle n’est pas encore établie. Mais ce texte réuni avec tout ce qui précède, ne permet pas de douter que la religion chrétienne ne soit confondue avec toutes les autres. Cependant l’auteur veut nous persuader que l’on a pris l’alarme bien mal à propos. « On objecte, dit-il, que l’auteur va avertir les princes idolâtres de fermer leurs États à la religion chrétienne. Effectivement (ajoute-t-il) c’est un secret qu’il a été dire à l’oreille au roi de la Cochinchine. » Nous ne savons pas ce que penseroit le roi de la Cochinchine de l’avis que l’auteur donne aux princes infidèles ; mais nous sommes assurés que l’empereur de la Chine liroit avec plaisir ce que nous allons transcrire du livre de l'Esprit des Lois (liv. XXV, ch. XV). L’auteur parlant de la propagation de la religion , dit : « Tous les peuples d’Orient, excepté les mahométans, croient toutes les religions en elles-mêmes indifférentes... Mais il n’en résulte pas qu’une religion apportée d’un pays très-éloigné et totalement différent de climat, de mœurs et de manières, ait tout le succès que sa sainteté devoit lui promettre. Cela est surtout vrai dans les grands empires despotiques : on tolère d’abord les étrangers, parce qu’on