ne fait point d’attention à ce qui ne paroît pas blesser la puissance du prince ; on y est dans une ignorance extrême de tout. Un Européen peut se rendre agréable par de certaines connoissances qu’il procure ; cela est bon pour les commencements ; mais sitôt que l’on a quelque succès, que quelque dispute s’élève, que les gens qui peuvent avoir quelque intérêt sont avertis, comme cet État par sa
nature demande surtout la tranquillité, que le moindre trouble peut le renverser, on proscrit d’abord la religion nouvelle et ceux qui
l’annoncent. Les disputes entre ceux
qui prêchent, venant à éclater, on commence à se dégoûter d’une religion dont ceux mêmes qui la proposent ne conviennent pas. » L’empereur de la Chine seroit-il mécontent d’un auteur qui décrit de la manière qu’on vient de lire ce qui s’est passé à la Chine au sujet de la religion chrétienne ? « Quand on est le maître, dans un État,
de recevoir une nouvelle religion, ou de ne la pas recevoir, il ne faut pas l’y établir. » Le nouvel empereur de la Chine a suivi ce plan, que notre jurisconsulte appelle le principe fondamental des lois politiques en fait de religion. Loin de plaindre un pays dont on bannit Jésus-Christ
et son Évangile, on sent que l’auteur applaudit à la
fausse sagesse d’une cour qui craint le glaive que Jésus-Christ est venu apporter sur la terre, et qui sacrifie au repos mal entendu d’un État, des biens infiniment plus précieux que tous les royaumes et tous les empires. L’auteur se défend d’être sectateur de la religion naturelle :
ici son langage le décèle. Il n’a pas été dire son secret à l’oreille au roi de la Cochinchine ; mais son livre parle pour lui à tous les princes infidèles.
L’auteur veut que les lois empêchent de troubler quelque citoyen que ce soit sur l’article de la religion.