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LIVRE XXXI, CHAP. XXI.


qui leur parurent rigides, parce qu’il alloit plus loin qu’ils ne vouloient aller eux-mêmes. Il y a de très-bonnes lois faites mal à propos. Les évêques, accoutumés dans ces temps-là à aller à la guerre contre les Sarrasins et les Saxons, étoient bien éloignés de l’esprit monastique [1]. D’un autre côté, ayant perdu toute sorte de confiance pour sa noblesse, il éleva des gens de néant [2]. Il la priva de ses emplois [3], la renvoya du palais, appela des étrangers. Il s’étoit séparé de ces deux corps, il en fut abandonné.

  1. « Pour lors les évêques et les clercs commencèrent à quitter les ceintures et les baudriers d’or, les couteaux enrichis de pierreries qui y étoient suspendus, les habillements d’un goût exquis, les éperons, dont la richesse accabloit leurs talons. Mais l’ennemi du genre humain ne souffrit point une telle dévotion, qui souleva contre elle les ecclésiastiques de tous les ordres, et se fit à elle-même la guerre. » L’Auteur incertain de la Vie de Louis le Débonnaire, dans le recueil de Duchesne, tome II, p. 298. (M.)
  2. Tégan dit que ce qui se faisoit très-rarement sous Charlemagne, se fit communément sous Louis. (M.)
  3. Voulant contenir la noblesse, il prit pour son chambrier un certain Bénard, qui acheva de la désespérer. (M.)
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