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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t6.djvu/95

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CHAPITRE XXX.


CONTINUATION DU MÊME SUJET.


Il est dit dans les Livres des Fiefs [1] que, quand l’empereur Conrad partit pour Rome, les fidèles qui étoient à son service lui demandèrent de faire une loi pour que les fiefs, qui passoient aux enfants passassent aussi aux petitsenfants ; et que celui dont le frère étoit mort sans héritiers légitimes pût succéder au fief qui avoit appartenu à leur père commun : cela fut accordé.

On y ajoute, et il faut se souvenir que ceux qui parlent vivoient du temps de l’empereur Frédéric I [2], « que les anciens jurisconsultes avoient toujours tenu que la succession des fiefs en ligne collatérale ne passoit point au-delà des frères germains ; quoique, dans des temps modernes, on l’eût portée jusqu’au septième degré, comme, par le droit nouveau, on l’avoit portée en ligne directe jusqu’à l’infini [3] ». C’est ainsi que la loi de Conrad reçut peu à peu des extensions.

Toutes ces choses supposées, la simple lecture de l’histoire de France fera voir que la perpétuité des fiefs s’établit plus tôt en France qu’en Allemagne. Lorsque l’empereur

  1. Liv. I des Fiefs, tit. I. (M.)
  2. Cujas l'a très-bien prouvé. (M.)
  3. Liv. I des Fiefs, tit. I. (M.)