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ÉLOGE

min de la gloire tout ouvert, et la possibilité de faire de grandes choses.

En 1688 la révolution d’Angleterre arriva[1] : et, dans ce cercle de malheurs qui environnèrent le roi tout à coup, le duc de Berwick fut chargé[2] des affaires qui demandoient la la plus grande confiance. Le roi ayant jeté les yeux sur lui pour rassembler l’armée, ce fut une des trahisons des ministres de lui en envoyer les ordres trop tard, afin qu’un autre pût emmener l’armée au prince d’Orange. Le hasard lui fit rencontrer quatre régiments qu’on avoit voulu mener au prince d’Orange, et qu’il ramena à son poste. Il n’y eut point de mouvements qu’il ne se donnât pour sauver Portsmouth, bloqué par mer et par terre, sans autres provisions que ce que les ennemis lui fournissoient chaque jour, et que le roi lui ordonna de rendre. Le roi ayant pris le parti de se sauver en France, il fut du nombre des cinq personnes à qui il se confia, et qui le suivirent ; et dès que le roi fut débarqué, il l’envoya à Versailles pour demander un asile. Il avoit à peine dix-huit ans.

Presque toute l’Irlande ayant resté fidèle au roi Jacques, ce prince y passa au mois de mars 1689 ; et l’on vit une malheureuse guerre où la valeur ne manqua jamais, et la conduite toujours. On peut dire de cette guerre d’Irlande, qu’on la regarda à Londres comme l’œuvre du jour et comme l’affaire capitale de l’Angleterre ; et, en France, comme une guerre d’affection particulière et de bienséance. Les Anglois, qui ne vouloient point avoir de guerre civile chez eux, assommèrent l’Irlande[3]. Il paroît même que les

  1. var. La révolution d’Angleterre arriva en 1688.
  2. var. Fut chargé à dix-huit ans des affaires, etc.
  3. var. Le Roi, à qui milord Tirconnel avait conservé presque toute l’Irlande, s’embarqua sur une flotte à Brest, et arriva dans ce royaume le