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PENSÉES DIVERSES.

qu’ils firent à l’État. Heureuse la France, s’ils n’avaient pas senti couler dans leurs veines le sang de Charlemagne !

Il semble que l’âme de Miron, prévôt des marchands, fût celle de tout le peuple.

César aurait été comparé à M. le Prince[1], s’il était venu après lui.

Henri IV… Je n’en dirai rien, je parle à des Français[2].

Molé montra de l’héroïsme dans une condition qui ne s’appuie ordinairement que sur d’autres vertus.

Richelieu fit jouer à son monarque le second rang dans la monarchie et le premier dans l’Europe ; il avilit le roi, mais il illustra le règne[3]. »

Turenne n’avait point de vices ; et peut-être que, s’il en avait eu, il aurait porté certaines vertus plus loin. Sa vie est un hymne à la louange de l’humanité.

Le caractère de Montausier a quelque chose des anciens philosophes, et de cet excès de leur raison.

Le maréchal de Catinat a soutenu la victoire avec modestie, et la disgrâce avec majesté, grand encore après la perte de sa réputation même.

Vendôme n’a jamais eu rien à lui que sa gloire.

Fontenelle, autant au-dessus des autres hommes par son cœur, qu’au-dessus des hommes de lettres par son esprit[4].

Louis XIV, ni pacifique, ni guerrier : il avait les formes

  1. Le prince de Condé.
  2. Et Sully ! (Note des Œuvres posthumes.)
  3. Pensée publiée par Walckenaer, dans la Biographie universelle, art. Montesquieu. T. XXIX, p. 521.
  4. Cet éloge du cœur de Fontenelle est particulière à Montesquieu. Mme Du Deffand prétendait que Fontenelle avait un cerveau à la place du cœur. Mais Montesquieu, qui aimait beaucoup Fontenelle, ne pouvait oublier l’appui constant que ce dernier lui avait donné pour le faire entrer à l’Académie. Peut-être le connaissait-il mieux que ceux qui l’ont jugé sur les apparences.