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Page:Montesquieu - Œuvres complètes, éd. Laboulaye, t7.djvu/210

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NOTES

envoyaient deux bills aux seigneurs : l’un contre les mutins et les déserteurs[1], que les seigneurs passaient toujours ; l’autre contre la corruption, qu’ils rejetaient toujours. Dans la dernière séance, milord Thousand[2] dit : Pourquoi nous chargeons-nous toujours de cette haine publique de rejeter toujours le bill ? Il faut augmenter les peines, et faire le bill de manière que les communes le rejettent elles-mêmes : de façon que, par ces belles idées, les seigneurs augmentèrent la peine tant contre le corrupteur que le corrompu, de dix à cinq cents livres, et mirent que ce seraient les juges ordinaires qui jugeraient les élections, et non la chambre ; qu’on suivrait toujours le dernier préjugé dans chaque cour[3]. Mais les communes, qui sentaient peut-être l’artifice, ou voulurent s’en prévaloir, le passèrent aussi, et la cour[4] fut contrainte de faire de même. Depuis ce temps[5], la cour a perdu, dans les nouvelles élections qui ont été faites, plusieurs membres, lesquels ont été choisis parmi les gros propriétaires de fonds de terres ; et il sera difficile de faire un nouveau parlement au gré de la cour ; de façon que l’on voit que le plus corrompu des parlements est celui qui a le plus assuré la liberté publique.

Ce bill est miraculeux, car il a passé contre la volonté des communes, des pairs et du roi.

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Autrefois le roi avait en Angleterre le quart des biens, les seigneurs un autre quart, le clergé un autre quart ; ce

  1. Le mutiny-bill est le vote annuel du contingent militaire.
  2. Probablement Lord Townshend.
  3. C’est-à-dire le dernier précédent.
  4. C’est-à-dire le gouvernement du Roi, le ministère.
  5. 1729.